jeudi 9 août 2012

Ina figuere de la Chapelle: lou Piarre Chautant.

   Le z'autreva lu roulan ayan lio place dian la via de tu lu jou. Fasian se ke n'apèle yorre de pityi trava. Avé sa bessa é sa sate en bandoulir, lou Piarre Chautant badave si lu chamin de nu village.
Mé rusia ku n'ayi l'ai, u s'adussi dian le mason jeuste davan miéjou pe bessa lou jardin ou coupa in brizon de boué.
Bianseu lou monde li baillave à miji davan ku se mette à l'oure. Ina fa bian coufle, u dissi ku l'ai na visite à fére la véprena tant si bian ku fasié guére de ma u jardin é u ta de boué. Ma rasa et ma attiffa u fasié pou u z'efan ke n'ére daillieu pa bian gentia avé nontron Piarre é li jitave de pirre davan de se carapata, de pou de recevre un cou de trik. Fo coume in tourio ul'ére para té capable, tou soulè, de désanbourba ina charete : ina va se le roué u fasié égre avé se z'épale é levave lou viage. Pra z'emple si l'alambi ére u village, lou Piarre iére avo. U l'amave tan la gnole ku l'envalave inco chude. La ne u couchave dians lou fin, ou la paille, pe lou meliou é pe lou pi. D'ailleu y coume tia kula bian ma figni su jou, en 1959, a Tarrabasse, dian la grange Servant ka brula. Purou Piarre.


 Autrefois les vagabonds étaient intégrés à la communauté. Ils faisaient ce qu'on appelle aujourd'hui des petits boulots. Avec sa bêche et sa scie en bandoulière, Pierre Chahutant errait sur les chemins de nos villages. Plus rusé qu'il n'en avait l'air, il arrivait dans les maisons juste avant midi pour bêcher le jardin ou couper du bois. Bien sûr les gens lui offrait le repas avant qu'il se mette à l'ouvrage. Une fois bien rassasié, il prétextait avoir une visite à faire après midi si bien qu'il s'attardait peu au potager ou au tas de bois. Mal rasé et mal habillé il faisait peur aux enfants qui n'étaient d'ailleurs pas très gentils avec notre Pierre et lui jetaient des pierres avant de s'évanouir dans la nature de peur de recevoir un coup de bâton. Doté d'une force herculéenne il était parait-il capable, tout seul, de dégager une charrette enlisée: une fois sous ses roues il faisait levier avec ses épaules et soulevait le charriot. Par contre si l'alambic était au village il ne le quittait pas. Il aimait tellement l'eau de vie qu'il l'avalait encore chaude. La nuit, il couchait dans le foin ou la paille, pour le meilleur et pour le pire. C'est d'ailleurs ainsi qu'il a bien mal fini ses jours, en 1959, à Ville sous Anjou, dans l'incendie de la grange Servant. Pauvre Pierre.

Paru dans Intervillages N° 185-2011 

Groupe patois Lu z'Arpelauds

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